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Ambre DELUNE

Balmira...

Balmira, souviens-toi, l’aube était à genoux
Comme si elle priait, ses lumières en fête
Et les loups ululant les plaintes des hiboux
Gueulaient plus fort qu’un temps, plus gros qu’une tempête

L’aube était à genoux, si jeunes nous étions
Nous ne comprenions pas l’apprêt de son silence
Quand le zénith croisé aux feux des vermillons
Soulevait peu à prou l’instinct de sa démence

Ses lumières en fête aux volutes sanguines
Pénétraient nos poitrails, s’infiltraient sous nos peaux
Balmira, souviens-toi, combien d’encres félines
Ont fait mourir nos yeux de ces instants si beaux !

Les plaintes des hiboux gagnaient la grande plaine
Nous n’avions pas quinze ans, mais déjà nous sentions
L’heure nous enlacer dans son ballet de laine
Balmira, souviens-toi, si jeunes nous étions !

Plus gros qu’une tempête ou que fol ouragan
Nos émois s’écorchaient sur d’aphones louanges
Au levant qui fardait ses bulles d’origan
Pour embaumer nos cœurs d’éternelles vendanges !