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Alain HANNECART

Austerlitz

Aux heures d’affluence c’est toujours la même chose
La gare est envahie et se métamorphose
A peine les portes s’ouvrent les hommes se ruent dehors
Ils arrivent de banlieue et se lèvent à l’aurore

Les quais sont noirs de monde à l’heure où d’autres dorment
La foule des anonymes marche d’un pas uniforme
Des colonnes convergent au pas de gymnastique
Des régiments s’étirent comme des élastiques

Quand ils marchent tous ensembles on sent le sol qui tremble
Les enfants fatigués ont les yeux pleins de songes
Les hommes partent au travail comme on part à l’assaut

Avec la peur au ventre d’y pointer en retard
Ils marchent comme des bœufs qu’on mène à l’abattoir
La gare absorbe tout comme fait une éponge