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Alain GURLY

Vestiges



Tu dérives sans fin quand clignent les étoiles
Sur le vaste océan où se bercent tes jours,
Au gré de ton esquif, au gré de tes amours
En écoutant l'espoir s'essouffler dans ta voile.

Tu dérives sans but, sans voir d'où vient le vent,
Sans savoir où le Nord a caché ses rivages,
Comme ces innocents perdus dans les nuages,
Ballottés, las, perclus, aux marges du néant.

Tu dérives... Parfois tu aperçois une île,
Un verger d'oasis, un Eden dans la mer,
Un calme reposoir au sortir de l'Enfer,
Un rêve de gaieté et de bonheur tranquille.

Tu approches, transi, tremblant et plein d'espoir.
Mais las ! En approchant, se dissout le mirage...
Tes mains ne palpent plus qu'une ombre de rivage,
Et la mer infinie roule ton désespoir.

Tu reviens pesamment à la proue de ta barque
Comme un fanal perdu, un étrange falot,
Guettant le jour, la nuit allumant des flambeaux
Pour tenter de trouver l'Amour avant la Parque.

Haletant, tu reçois en tes bras grands ouverts
L'écume de la vague et les perles des brumes
Brillant aux horizons que le soleil allume
Au gré des grands courants sur les gouffres amers.

Tu hais le pot-au-noir, tu as peur des tempêtes,
Tu crains tout aussi bien le calme au goût d'ennui
Que les raz-de-marée qui t'éveillent la nuit,
Et les vastes regrets qui grouillent dans ta tête.

Et puis un jour, une aube, un soir ou une aurore,
Tu sombres, tu te fonds dans l'immense brouillard
Qui se mêle aux embruns, aux brisants, aux hasards.
Tu disparais et meurs, ton esquif s'évapore.

Alors sur l'océan que brasse le grand vent,
Quelques uns de tes vers flottent comme un mirage
Pour décorer les flots de mots et de visages,
Pour laisser des signaux sur les vagues du temps...