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Abdelghafour MERHOUAR

Contre attente

Entre brume épaisse et feuilles flétries,
Une pâle clairière enfin surgit
Et me laisse apercevoir un chemin.
Je serre alors le poing de dédain,
Je gémis d’ivresse et meurt de joie,
Je chante comme un fol et comme un roi.
La terre aussi, sous mes pas, elle danse.
C’est la victoire contre les distances,
Contre la peine d’il y a cent saisons
Causée par l’absence et la passion.
Et la chaleur remonte dans mes veines :
Le vœu d’hier voilà qu’il se déchaine.
Vers le parfum et la voix tant rêvés,
Au cœur de cette sacrée allée, je vais,
Les yeux pleins de larmes et les lèvres
Chevrotantes d’un sourire en fièvre.
Je coupe alors le brouillard. La rosée
Des ronces mouille mes souliers usés.
Seul j’avance, et seul le chuchotis
Des moineaux qui m’escorte et me conduit.
Des papillons rôdent au tour de moi
J’oublie mes maux, colères et effrois.
Drogué d’espoir, drogué de cet espace
À la fois gai et étrange, avec audace,
Je continue mon acheminement,
Espérant que bientôt le firmament
Réapparaisse alors dans son bleu nu,
Que l’horizon se découvre étendu.
Et je ne crois pas mes yeux quand soudain
Je vois, mirer, de loin, au fond gris lin,
Un spectre en blanc clair et violet glycine,
Avec une prestance bien divine.
On dirait une issue de paradis
Qui fait renifler son air inédit.
Je bondis : enfin voici mon salut,
Voici toute mon extase absolue.
Je cours, mais mes pieds semblent être lourds,
Et le spectre semble prendre son cour.
Comme si, par la nuque, on me retient,
Je cours et cours mais je n’attrape rien.
De rage, de furie, de crise, je crie.
A ces vents qui me repoussent, je prie
De me laisser atteindre cette issue.
Las, je décline, tout à fait déçu.
Mes sanglots reprennent, mes pleurs aussi,
Lorsque, dans ses noirceurs, je vois la nuit
M’enfouissant comme un étrange martyr ;
Et nul ne me lamente, à part ma lyre !

Fès le : 15/12/2013