Les grands
classiques

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Les grands<br>classiques

Joachim DU BELLAY
1522 - 1560

Comme l'on voit de loin sur la mer courroucée

Comme l'on voit de loin sur la mer courroucée
Une montagne d'eau d'un grand branle ondoyant,
Puis traînant mille flots, d'un gros choc aboyant
Se crever contre un roc, où le vent l'a poussée :

Comme on voit la fureur par l'Aquilon chassée
D'un sifflement aigu l'orage tournoyant,
Puis d'une aile plus large en l'air s'esbanoyant
Arrêter tout à coup sa carrière lassée :

Et comme on voit la flamme ondoyant en cent lieux
Se rassemblant en un, s'aiguiser vers les cieux,
Puis tomber languissante : ainsi parmi le monde

Erra la monarchie : et croissant tout ainsi
Qu'un flot, qu'un vent, qu'un feu, sa course vagabonde
Par un arrêt fatal s'est venue perdre ici.