Mais si mon foible corps (qui comme l'eau s'escoule)
Mais si mon foible corps (qui comme l'eau s'escoule) Et s'affermit encor plus longtemps qu'un plus fort) S'avance à tous moments vers le sueil de la mort, Et que mal dessus mal dans le tombeau me roule,
Pourquoy tiendray-je roide à ce vent qui saboule Le Sablon de mes jours d'un invincible effort ? Faut-il pas resveiller cette Ame qui s'endort, De peur qu'avec le corps la Tempeste la foule ?
Laisse dormir ce corps, mon Ame, et quant à toy Veille, veille et te tiens alerte à tout effroy, Garde que ce Larron ne te trouve endormie :
Le poinct de sa venüe est pour nous incertain, Mais, mon Ame, il suffist que cest Autheur de Vie Nous cache bien son temps, mais non pas son dessein.