Combien, combien de fois, au soir sous la nuit brune
Combien, combien de fois, au soir sous la nuit brune, Errant comme un taureau par amour furieux, Ai-je maudit le sort, la nature et les dieux, Le ciel, l'air, l'eau, la terre et Phébus et la Lune !
Combien, combien de fois, d'une fuite importune, De soupirs embrasés ai-je éventé les cieux, Et d'un double torrent ruisselé de mes yeux Ai-je fait un séjour à quelque autre Neptune !
Combien ai-je invoqué, par les ombreux détours Des bois remplis d'effroi, la mort à mon secours, Et souhaité me voir Prométhée ou Protée !
Mais hélas maintenant - dont je suis en fureur - Je suis plus malheureux, connaissant mon erreur, Que ne furent jamais Protée et Prométhée !