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Yannis TOURKI

La barque des malheurs

Et lentement glisse la barque
Sur les eaux sombres des abysses,
Quand à son bord pleins de vigueur
Gouvernent en maître les malheurs
Ils chantent en chœur, évoquent leurs peines.

Les hommes s'y parlent sans savoir,
De peur, de haine : vagues histoires.
Leur cœur est vaste et ils s'y perdent
Et dans le noir savourent leurs fins,
Tandis qu'elle glisse vers le lointain.

Et en chantant ils continuent
Dans le fracas du désespoir,
Dans les creux sombres des vallées
Sonne le cors des combattants,
Les bougies fondent lentement.

Planant si haut qu'on ne les voit
Espoirs brisés laissant sans voix
Sont-ils tous morts ou disparus
Peu nombreux savent qu'ils sont partis
Aucun d'entre eux n'est arrivé.

Ô grand Erèbe libère-les,
Eux qui révèrent de beaux rivages
Eux qui frémirent, idées de paix,
Il n'ont pas su ou bien trop tard
Que vous teniez leurs destinées.

Les hommes y meurent sans même savoir,
D'espoir de force ils sont quittés
Misères du monde magnificence,
Leurs cœurs vacillent et ils en pleurent,
Leurs vies s'achèvent dans le néant.

Et lentement la barque glisse
Sur le Styx sombre des malheurs
Charon s'affaire sur ces eaux froides,
Allant ainsi et dans le noir,
Et quant aux morts, ils se sont tus.

Planant si haut qu'on ne les voit
Espoirs brisés laissant sans voix
Sont-ils tous morts ou disparus
Peu nombreux savent qu'ils sont partis,
Aucun d'entre eux n'est arrivé.

La solitude s'en empare
Ils vont ils viennent au raz des flots
Et à la brume confondus,
L'âme dit : vagues, vous m'eûtes
Ce vague à l'âme et puis perdus.

La voix des morts qui se sont tus
Résonne faible au gré des vents
Ces tendres chants soudains s'emmêlent
Et jusqu'aux terres des deux côtés
L'écho se mêle aux sifflements.