J’ai retrouvé hier l’oasis embaumée Qui m’a si bien bercée jusqu’à l’adolescence Et j’ai redécouvert la senteur parfumée De ses arbres divins qui ont ma préférence.
Ils plongent sous l’azur leur vive chevelure Et comme les oiseaux ils s’enivrent d’espace ; Un souffle caressant fait ployer leur ramure Et les fait frissonner dedans leur carapace.
Ils creusent de leur pied, dans un léger terreau Des milliers de sillons où ils laissent courir Leurs griffes décharnées afin de puiser l’eau Qui presque à chaque instant menace de tarir.
Mais certains ont gardé sur leur grand corps meurtri Le souvenir brûlant d’une intense violence : On les a tailladés à coups de bistouri Pour extraire leur sang, miel de leur existence.
Sur leur flanc cisaillé ils ont laissé glisser Un ruisseau larmoyant lentement écoulé Et ces larmes de vie sont allé s’épancher Dans des urnes soudées à leur tronc immolé.
Puis comme s’ils voulaient les nourrir de chimères Les dieux ont répandu en guise de litière Toute une immensité de charmantes fougères Où se mêlent parfois des bouquets de bruyère.
Lorsque j’ai dû quitter ce temple du soleil Je l’ai photographié et mis dans un écrin Afin de m’imprégner chaque jour au réveil De l’infinie saveur de mon ami le pin.