Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Thierry FERRAND

Le clodo

Dans son pardessus à doublure de courant d’air
Il marchait couvert de son traîne misère
Dans une poche profonde une boite en fer blanc
A l’intérieur bien rangé vingt soleils d’argent

Une photo jaunie lorsqu’il avait vingt ans
Un bout de ficelle, vingt centimes et un cure –dent
Et la photo d’une femme et de deux enfants
Les seuls souvenirs de son bonheur d’avant

De son âme brisée on voyait l’œil du monde
Mystérieux comme le sourire de la Joconde
Cet œil vitreux lisait entre les étoiles
Une vérité limpide flottante dans un voile

Son plus fidèle ami, sa vieille chienne Ortance
Sphinx d’or figé, gardienne de son silence
Quand il s’abreuvait de vin, carburant à rêve
De ces grandes ailes il survolait la grève.

Pour se poser dans un grand champs de Provence
Près des maisons claires de saint Paul de Vence
Il entendait encore le rire jovial de sa mère
Se confondre avec la lavande et la mer

Son doux regard palais des mille et une nuit
Où des anges s’arrêtaient pour un bain de minuit
Il entendait parfois sa douce voie dans le mistral
Le bercer sur une mer bleue de cristal.

Le froid de l’hiver le sortait de son rêve
Il devenait un arbre privé de sa sève
Un acteur devenu muet sur une scène
Un forçat de la vie qui accomplit sa peine