Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Thierry DEMERCASTEL

A Charles Baudelaire



M’accorderas tu un peu de ta lumière
Enfantée d’une nuit au silencieux devoir,
Toi le poète dont le chant a su me plaire,
Sauras tu rompre le silence quand il se fera si tard,

Verseras tu en nos vastes solitudes mélancoliques,
Quand ma chair accablée de tant de défaites
Aura libéré mon âme en un voyage mystique,
De vibrantes mélopées en nos ombres secrètes.

Nous assoifferons les ténèbres, puis sans remord,
Pour qu’elles déversent en nous tous leurs secrets,
Nous nous ferons sages, et bien plus encore,
Quand viendra l’ébauche d’un songe parfait,

Et sur les rives mourantes, blafardes et inquiètes,
Aux plaintes d’un horizon obscur et criant,
Je t’attendrai, comme un jour prêt à renaître,
Pour ainsi y adoucir mon douloureux chant.

J’aurai alors atteint l’essentiel en ce lieu,
Et la mort incomprise, devenue généreuse,
Nous aura fait en son berceau des bienheureux,
Nous laissant indifférents au temps, de ce qu’il creuse.

Je t’écouterai, puisque nous en aurons le temps,
Dans les sourires pâles d’un ciel fécond,
Emergeant enfin, soulagé, je me ferai mendiant
De ce curieux voyage, habillé de haillons.


Alors, de la mort, cette inconnue devenue familière,
Tu m’auras fait ce voyageur bienheureux,
Tes fleurs du mal déversant abondamment leurs vers,
J’aurai fini de mourir jusqu’aux plus profonds des cieux.