Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Thérèse CORSO-BEAUFORT

Le Chevalier

L’enfant, le nez collé sur la vitre du train,
Regarde sans le voir le paysage qui défile.
Un peu de buée s’est posée, comme un petit nuage
Qui se forme et s’efface, au gré de sa respiration.

Il est encore dans le château qu’il vient de visiter,
Et son imagination le transporte au-delà du wagon.
Les armures se sont faites chevalier en épées
Et il monte hardiment un beau destrier blanc

Il se voit flamme au vent, courant vers l’aventure,
Sauvant blondes princesses et reines en péril
Il affronte les dragons, les perfides et les fourbes
Et recueille en héros, les lauriers de la gloire.

Le voilà qui soudain, sursaute et se retourne
« Dis mamie, si j’étais chevalier, ma Maman,
Je pourrai m’en aller la chercher ? »
La Grand-mère, la gorge serrée lui répond :

« Mon Petit, mon mignon, là où est ta Maman
Tu le sais bien, personne ne peut la faire revenir.
Il n’existe nul train, nul avion qui puissent la ramener
Aussi preux soit le chevalier, il n’y pourra rien non plus »

Le menton de l’enfant tremble, son cœur se serre
Mais il ne pleurera pas, il se l’est promis
Mamie serait trop triste et il ne le veut pas
Il est un chevalier, courageux au cœur noble !

Bercé par le ronronnement de la machine
Épuisé par toutes ces émotions, le voilà qui s’endort
Il est heureux, car, ce que sa mamie ne sait pas
C’est que sa Maman, quand il dort, il la voit

Fièrement, il lui montre ses trésors, son heaume,
Son écu frappé d’un lion, son cheval et son glaive
Puis il saute à terre et se jette à son cou gracile
Il la hume, la respire tout au creux de l’épaule

Car c’est là que toutes les Mamans du monde
Garde leur odeur pour l’offrir à leurs tout petits
Il la serre sur son cœur, elle lui parle et chuchote
Son visage radieux lui envoie mille baisers

Et voilà que l’enfant, dans son sommeil, sourit….