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Sylvain D ESPRES

La pauvreté du monde

La pauvreté du monde
Qui cherche à se nourrir,
Pour ne pas crever de faim
Trime et meurt, vagabonde.

A trois ans, dans son saut
L’enfant mont’un peu d’eau,
Favela de Rio.
C’est normal, il fait beau.

Enfer des pluies ! misère !
Et la boue tropicale
Emporte les pauvres hères
Et leurs maisons bancales.

L’été est infernal,
Dans l’désert surchauffé,
Le bétail s’affale,
Carcasses décharnées.

Face aux maux répétés
Face aux êtres hébétés
Face aux bêtes crevées
Il leur faut se lever.

Ils rejoignent les cités,
Ils cherchent à s’en aller
Jusqu’aux pays des rois
Régi par de belles lois.

A bord d’un vieux rafiot,
Les passeurs passent les gains,
Des mains des clandestins
Aux poches de leur maillot.

Demain la mer prendra,
Quinze ou vingt malheureux,
Les moins habiles d’entre eux,
Ceux qui ne nagent pas.

Mourir de trop d’eau vive,
Après tant de sécheresses !
Mais les corps en détresse
N’atteindront pas la rive.

Mourir si prêt du but,
A quelques pas des rois
Qui se payent des putes
A l’hôtel « beau François ».

Ou bien mourir encore
Les armes à la main
Avec comme seul soutien
La douleur des horreurs.

La pauvreté du monde
Qui cherche à se nourrir,
Pour ne pas crever de faim
Meurt de mort furibonde.