Les racines de la pluie
Quand il arriva au bout de son impasse,
Le cœur à moitié sourd, dévasté par la glace,
Il s’assit par terre, et prit place
Devant sa mère :
« Maman, qu’a-t-on fait de mes repères ?
Où est passée cette eau claire
Qui rassurait mon âme ? »
Sans réfléchir, la plus belle des femmes
Serra fort son enfant, et les yeux remplis de larmes
Lui répondit :
« Mon fils, tu as grandi,
Tu trouveras cette fontaine dans les racines de la pluie. »
Sur ces mots bien trop violents,
L’homme se replia, tout doucement,
Tout en crachant son égarement :
« J’ai embrassé mes pires faiblesses,
Perdu la foi en ces princesses,
Rattrape-moi, je t’en prie, par ta simple tendresse. »
Tourmentée mais courageuse,
La femme sourit, le discours aussi lâche que celui d’une vol
« Regarde-moi, mon enfant, et vois comme je suis heureuse,
La vie m’a rendu sage, tu sais,
Tout est question de force, de choix, et puis de volonté ! »
Le regard déconcerté
Par ce triste abandon,
L’homme sans nom
Comprit, soudainement, cette infâme démission :
« Alors, c’est tout ?
L’amour dont tu parlais n’était qu’un conte de gourou ?
Où s’est enfuit la mère qui me soignait sur ses genoux ? »
Alors, dans un sanglot, la plus belle des femmes reprit :
« Elle est là, mon enfant, je te l’ai déjà dit :
Tu trouveras cette fontaine dans les racines de la pluie… »
