Le poison de notre triste monde
Enfin, il le trouva,
Assis là, le regard froid,
Sous un arbre perdu, à l’abri du combat.
Un peu intimidé
Par autant de beauté,
L’homme se risqua à vouloir lui parler :
« Ô Surhomme, te voilà enfin,
Je t’ai cherché sur bien des routes, sous bien des chemins.
Toi qui sais, raconte-moi donc mon destin. »
Le sourire amusé
Par tant d’humilité,
Le Surhomme vint à prêcher :
« Ton destin est devant toi.
Il est besoin, c’est écris là,
Regarde donc derrière tes pas ! »
Alors l’homme sans nom
Se retourna vers ses actions,
Comprenant un peu mieux ses fictives décisions.
Mais avide de tout savoir,
Il reprit la parole comme un simple devoir :
« Ô Surhomme, âme de pouvoir,
Qu’ai-je donc vraiment choisi ?
Toi qui sais, raconte-moi donc ma vie. »
Les yeux remplis de vanité,
Le Surhomme prit une feuille avant de proclamer :
« Tu vois ce vent dans ce papier ?
Il est la cause de tes erreurs.
Alors pardonne-toi, pardonne-toi ce doux malheur,
Et comprends ceci : tu n’es rien d’autre qu’un simple acteur
Révolté par cette offense,
L’homme tira de ses larmes la plus belle des révérences :
« Ô Surhomme, laisse-moi douter,
Mais toi qui sais, raconte-moi donc ton pieux secret :
Par quel joli poison ce monde va se tuer ? »
Et le Surhomme pleura, à son tour, dans sa vaste solitude :
« Mon ami, de toutes mes études,
Le seul poison de notre triste monde, c’est notre certitude…
