La maîtresse
Isolée, presque nue au milieu de la cour,
Le fantôme du passé, trop présent à son goût,
Des insultes qui écorchent, et ce manque d'amour
Habillé dans un job : « Tout ça vaut-il le coup ? ».
Évidemment qu'elle assure, y'a qu'à voir ses épaules !
Cet élève qui termine le début de sa pièce.
Il y a, dans ce job, de quoi perdre son rôle
Et pourtant, elle est là, celle qu'on nomme « la maîtresse »
Que personne ne rougisse quand elle entre dans la classe !
Que ses doigts se congèlent lorsqu'elle pense à s'enfuir !
Douterait-elle de savoir où se trouve sa place ?
Il y a, dans ce rôle, le besoin de mentir.
Mis à part la détresse, les larmes et la douleur,
Il y a, dans cette classe, un parfum de réussite :
Nul ne peut gagner sans un brin de sueur
Car Nul, bien qu'il soit bon, ne peut être hypocrite.
Il y a, dans ses larmes, le refus de lâcher
La moindre petite goutte d’exigence un peu grosse.
Certains maîtres, c'est certain, ont déjà déposé
Les armes qu'elle procure à chacun de ses gosses.
Alors qu'elle se rassure : « Tout ça vaut bien le coup ! »,
Elle est là, toujours là, celle qu'on nomme « La maîtresse »
Car si c'est à la source qu'on encaisse les coups,
Il y a, dans cette goutte, la plus douce des caresses.
