Mes mots Papiers de soie discrets A peine déposés sur le temps qui s'efface Modèlent Malgré le vieux manteau Que la peur de l'hiver tricote chaque soir Mes aubes d'aventure Que le vent d'avenir transporte à bout de souffle
Leurs mots Enveloppes sordides Doctement cachetées par l'occulte savoir Mutilent D'un lâcher de vocable à l'échafaud du ton qui se gonfle et s'abat Les racines d'espoir Que l'écorce linguale emprisonne et torture
Mes phrases écheveaux solitaires Au rouet chimérique de mon utopie Séparent Malgré le quotidien Les sourires médiatiques et le carcan moral Les fibres d'Anarchie Que l'amour retrouvé tissera de son chant
Leurs phrases Carapaces absurdes Au séculaire dessein des avenirs abscons Enserrent De guillemets d'acier Parenthèses rigides aux discours des notables Les mailles du pouvoir Que le profit fielleux enrobe de mépris
Mes pages Vertigineuses plaintes Lâchement chuchotées aux oreilles du clan Pâlissent Malgré le bleu du ciel Le rouge de tes mots et le vert de tes yeux Au monde qui rugit Dans la haine et la peur Dans la honte et la guerre L'horreur Et la patrie