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Sébastien LO BUE

Manon

Il n’est dans ton visage le moindre reflet,
Qui n’aie ni soleil, ni jaspe, ni transport.
On croirait les long traits que déverse l’aurore
Sur les blancs coteaux des monts pâles du Tibet.

Que de larmes coulent sur les flancs de tes joues,
Acerbe et lacéré mon esprit s’en ébranle !
Et les flots de tes pleurs dispersent en chambranle,
Les étoiles cloîtrées dans les vers de ma moue.

Les vagues nous bercent entre ces larges berges,
Et en longs murmures déchirés de silences ;
Quel destin encore traverse en longue instance
Ruisselant sur notre air comme une note vierge ?

Quel hasard traverse dès lors notre rivière,
Où l’amour s’écoule par une hâte éperdue ?
Quel joyeux périple s’en va vers l’étendue,
Des lisses océans où voguent nos prières ?

Les astres étincelants brûlent sur notre osmose,
Déguisant la vertu en subtile innocence.
Mais un jour l’étoile prend son incandescence
Comme la nova sent son ultime cosmos.

J’immerge mes espoirs dans les flots de son cœur,
Eclaircissant ainsi le reflet de mon âme,
Et mes voiles portent le vent qu’elle déclame
Dans les épais manteaux qui masquent mes froideurs.

Oh ! Comment se fait-il qu’elle aie ces yeux là ?
Une étreinte de bleu en parfaite harmonie,
Un mélange d’éclairs, de tendre symphonie.
Ses yeux si bleus si clair, divins sont les éclats.

La nuit y déverse la Lune toute entière.
Le ciel se fait pâle, la mer en est envieuse ;
Son écume cille de sa bave rageuse
Lâchant sur le sable cette ivresse éphémère.

Oui, tous sont avides au reflet de ses yeux grands.
De la feuille à l’arbre, de la pierre aux montagnes,
De la goutte au torrent. Ceux-là l’accompagnent
Dans ses rires joyeux, dans ses tristes tourments.