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Roger VIDAL

Vingt quatre juin

(25 juin 2007)

Le bonheur était là autrement que factice,
Non pas dans ces instants aux plaisirs qu’on mendie,
Mais à la fin du jour, au soleil d’incendie,
D’un Saint Jean s’apprêtant à la nuit du solstice.

Le bonheur était là comme un rire d’enfant
Dans leurs cris et leurs jeux que la joie dévergonde
Autour de ce grand feu où ils dansaient la ronde
Et qu’attisait l’autan, épars, nous décoiffant

Le bonheur était là dans ta voix de chansons
Qui parlait de gabelle aux épis rassemblés
Et me chantait l’été et la couleur des blés
En l’aurore promise à la faux des moissons.

Le bonheur était là sans cesse prolongé
Par mille facéties issues d’un même rite,
Cette reine des prés et cette marguerite
Que j’effeuillai ce soir dans tes cheveux de jais.

Le bonheur était là tout au fond de tes yeux
Dans lequel je lisais nos deux vies à l’envers
Nos rêves suspendus aux lointains univers
Perdus bien au delà du simple merveilleux.

Le bonheur était là au sentier hasardeux
Sur les bords du ruisseau courant jusqu’au village,
Vers cette allée fleurie dont le sol en dallage
Menait à ma maison toute emplie de nous deux.

Le bonheur était là au monde des lenteurs
De nos gestes amis et de nos façons d’être
Dans le cœur de l’été laissant par la fenêtre
Entrer toute la nuit alourdie de senteurs.

Le bonheur était là et sur ta lèvre ouverte
Qui me promettait tout en un gémissement,
Palpitante et connue de ce frémissement
Que je m’appropriai comme une découverte.

Le bonheur était là au païen sacrifice,
Sous ta robe glissant le long de tes genoux
Et l’amour éclaté en orage sur nous
Nous laissant éblouis dans son feu d’artifice.