Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Roger VIDAL

Societe 3000

Je suis entré chez vous sans avoir l’habitude,
Par une porte en fer hérissée de serrures,
Vous siégiez là, posés, enceints dans vos armures
Bardés de vos idées aux fortes certitudes
Et moi qui tant cherchais …

J’allais tous ces jours là, j’allais me répétant,
Quand le vent tombera, je deviendrai un homme
Il me faudrait si peu, il me faudrait en somme,
Un peu plus de soleil et un peu plus de temps
Et quelques fleurs séchées…
J’avais cru voir écrit aux dentelles du givre
Un grand mot « liberté » qu’on aime prononcer,
Principe naturel qu’il fait bon annoncer
Et dont on a rempli multitudes de livres
Propos souvent gâchés…
Le reste, égalité me semblait incertain
Quant à fraternité, je ne pouvais y croire
Il y a dans ces mots tant à manger et boire
Qu’ils ne peuvent venir que d’un passé lointain
A quoi bon s’y pencher ?...
Je ne me souvenais que des couleurs du soir,
Ces pastels que l’éclat de la lune dérange
Et des arbres courbés sous le poids des oranges
Au pied des quels parfois nous venions nous asseoir
Et souvent nous coucher…
Il y avait aussi ces rêves du lundi
Comme un restant d’ailleurs disputé au hasard,
Deux notes envolées, volutes de Mozart,
Mais je n’en parlais pas car c’était interdit,
On m’aurait débranché…
Vous m’aviez demandé de venir m’expliquer,
Ou bien justifier mes folies illusoires
Procédure normale au mode inquisitoire,
Pour un acte en lequel j’étais fort impliqué,
En fait un gros péché…
« Et ne le prenez pas ainsi la tête haute »
M’avez-vous dit d’abord avant d’aller aux faits
« Ah ne croyez donc pas que je sois satisfait »
Vous ais-je répondu, conscient de ma faute,
Je vous sentais fâchés…
Vous avez dignement pris l’air dubitatif :
« Avant que vous cédiez à d’autres tentations
Nous allons prononcer votre condamnation
Peu sévère vraiment eu égard aux motifs »
Moi je n’ai pas bronché.
« Attendu d’une part votre aspect persifleur
Et que des faits si lourds ne peuvent être admis
C’est à un an d’exil que vous serez soumis
Pour avoir sciemment respiré une fleur
Sans même vous cacher »…

J’ai repris mon bâton et mon chien m’a suivi,
C’était le seul ami qu’il me restait du temps
Où l’eau allait aux fleurs tout naturellement
Et où l’on se disait « ah que c’est beau la vie »
Sur un ton détaché…