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Roger VIDAL

Rupture

Les amants retrouvés, ont enterré décembre
Etoiles secouées et retombées en pluie,
Mille et cent confettis, leurs papillons de nuit,
Une jonchée de fleurs, sur le sol de leur chambre.
Blottis l’un contre l’autre, au creux du même lit,
Ils se sont reconnus, au jeu du qui perd gagne,
En noyant l’univers sous des flots de champagne,
Comme si dans l’alcool se distillait l’oubli.

Leurs habits dispersés, aux vents de la passion,
Gisent, témoins muets, d’un incendie éteint,
Leur reflet estompé dans le miroir sans tain,
Danse en leur souvenir, comme en surimpression.
Ils ont rompu soudain le gel des solitudes,
Repris la chambre sept pour le même moment,
Certains d’avoir trouvé le bon médicament,
La seule solution, s’entourer d’habitudes.

Et ils se sont confondus sans rien se demander
De l’impossible amour qui est le leur, depuis
Qu’ils s’aiment, pour l’année, en une seule nuit,
Dans le rêve sans fin qui les va les transcender.
Dans cet instant magique où la vie se déchaîne,
Il s’est fait en leur cœur, merveilleux tintamarres,
Ils ont coupé les ponts et rompu les amarres
Et gommé de leur ciel les souvenirs de chaîne.

Leur cadeau de noël, n’était pas un mensonge,
L’un à l’autre donnés, moments tant espérés,
Déchirés si longtemps, si longtemps séparés,
Ils ont vécu à plein, jusqu’à la fin du songe
Ils se sont isolés comme pour quarantaine,
Voyageurs embarqués pour une même errance,
Ils n’ont plus laissé d’eux, qu’un semblant d’apparence,
Ils ont appareillé, pour une île lointaine.

Oh gisants consolés dont la fièvre s’apaise
Les voila réunies leurs deux moitiés de pomme,
Leurs chairs ont fusionné, noyau d’un même atome,
Leurs corps sont modelés dans une même glaise
Ils ont claqué leur porte à la même seconde
Puis leur bouche et leurs yeux, leur âme refermée,
Que vogue leur bateau sur une mer calmée,
Ils se sont rassemblés dans une fin du monde.

Ils n’ont plus, désormais, pour seule référence,
Que cette destinée qu’ils viennent de choisir,
Ils ont doublé le cap des peines et plaisirs
Et, à la société, tirent leur révérence.
D’un même battement, du monde, débranchés
Par leurs deux volontés totales et finies,
Ils entrent dans l’azur, lucides, infinis,
Par le sang s’écoulant de leurs veines tranchées.

04/7/1996