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Roger VIDAL

Occitanie

J’ai vu la ville en pleurs se noyer dans tes yeux,
S’allument les bûchers nous resterons de marbre
Sorcière vous savez ce que vivent les arbres
Ils vous ont dit démons mais que valait leur Dieu ?

Mon Oc se meurt ici aux frontières du schisme
A ces nymphes vouées au culte à la nature
Là où vous battissiez un monde de culture
Quand partout s’abattait peur et obscurantisme.

Le roi Philippe Auguste pour tout raffinement
Savait juste signer les traités de son nom
Quand le comte de Foix et le roi d’Aragon
Correspondaient en vers tout naturellement.

Champs de blés déroulant vos chevelures blondes
Silencieux guettant la pluie dans la fournaise
D’un juillet revenu en terre Lauraguaise
Sous un chant moissonneur aussi vieux que le monde.

Quand Toulouse à l’amour du beau se consacrait,
Ses consuls capitouls, peuple, aristocratie,
Inventaient l’avenir et la démocratie
Montfort et Innocent et Arnaud massacraient.

Mes vignes au soleil, terroir réconcilié
Saignantes sang et or aux couchants de l’automne
Lourdes de noirs raisins que les grives gloutonnes
Picorent à s’en saouler jusqu’en bout d’espalier.

O mon pays meurtri, fleur de ces temps anciens,
Sous les murs de Béziers où mon cœur reste en rade,
Est il vrai qu’ils sont là les morts de la croisade
A attendre que Dieu reconnaisse les siens ?

Mes souvenirs trempés dans ton eau de javel
Blanchissent oh fidèle et fière Carcassonne
Au fond de ce cachot où encore résonne
Le cri désespéré du sire Trencavel.

Je sais que parmi vous qui mouriez dans les fers
Il en était certains qui pensaient seulement
Les autres sont en droit et de croire autrement
Et de vivre cela car l’inverse est l’enfer.

Là où le monde allait sans souci des clivages
Où naître arabe ou juif, noir de peau ou bien blême
Où être différent ne posait pas problème
Ils sont venus porter le fer du moyen âge.

Là où chacun vivait sa propre religion
Ou bien n’en vivait pas, athées avant la lettre,
Là où la règle était d’être son propre maître,
Ils sont venus porter le feu d’inquisition.

Il n’existe plus d’hier ma belle que rancoeurs,
Va nous irons plus loin que la voie des parfaits
Il n’est pas de limite à ce monde défait
Entends chanter la vie tout au fond de nos coeurs.