Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Roger VIDAL

Nos folies partagées

Nous referons le monde aux couleurs de nos rêves,
Je te recouvrirai de mes pourpres volés,
Aux automnes remplis de nos envies qui crèvent
De n’être dans le soir qu’un soleil isolé
Prêt à s’éparpiller dans les bruits de la ville
Sur les lèvres figées des femmes de trottoir
Qui reviendront nous voir en l’an cinquante mille
Quand j’aurai accroché à ton cou, en sautoir,
La Saturne volée des étés finissants
Que tu semas encore au vent de tes étoiles
Pour me récupérer au monde des gisants
Au linceul repassé des tissus de tes toiles.

Il me faut des lustres accrochés à tes jeux,
Des milliers de bougies au vent de tes promesses
Qui nous donne en velours ces souvenirs soyeux
En négociant Paris qui nous vaut une messe
Quand les enfants des rues s’endorment dans tes yeux,
Quand les enfants vaincus nous semblent déjà vieux.
Mon amour des ruisseaux, ma putain sans manières
Je te prends en chemin du bout de ton soleil
Et tu fermes sur moi tes mondes de frontières
Là ou finit l’amour au plaisir du réveil.

Je m’utéruse en toi, quand ta vulve me moule,
Quand le chant de ta chair se répercute en moi,
Quand me revient la vie balancée par les houles
Des étreintes rompues de nos corps siamois.
Et nous ne parlons pas de silence en naufrages,
Nous écoutons la mer nous raconter le temps,
Les équipages d’or au fond des moyens ages
Suspendus aux marées venues à contre temps
Et nous disparaissons emportés par l’écume,
Emportés au-delà et coulés à mi temps
Aux espoirs renoncés des horizons de brumes.

Et nous ne parlons pas et nous ne parlons pas,
Notre espoir nous attend au coin d’une parole
Pour nous déboussoler de boussole en compas
Notre espoir nous attend au coin d’une boussole
Et nous perdons le nord qui s’enfuit sous nos pas.
Je te déchirerai toute en écartelures,
Au cœur de nos folies où naissent nos saisons
Dans ton sillon profond tracé à l’échancrure
Quand je te fais l’amour à perdre la raison.
Ô ma terre Ô ma mer engloutis- moi sans fin,
Reprends dans tes filets, ma raison saccagée,
Surtout ne parle pas que le mot de la fin
Soit celui qui redit nos folies partagées,
Nos folies toi et moi, nos folies échangées.