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Roger VIDAL

Métro Charonne

Ferrat ne chantait pas encor nuit et brouillard
Les télégraphistes portaient nos télégrammes
Paris se la jouait de comédies en drames
La rue appartenait aux titis débrouillards
Ou bien au va-et-vient de ces drôles de dames…

Là bas en Algérie un monde s’écroulait
Comme une mosaïque ou la tour de Babel,
Dispendieux de couleurs et riche en décibels,
Avec ses conquérants aux rêves refoulés,
Un autre renaissait, descendant des djebels

A Paris et Alger, à Marseille et Oran
C’était un même cri pour une double attente
Et la vie qui allait et la marée montante
Et les feux d’artifice aux éclats colorant
De rouge et puis de bleu les nuits dans la tourmente.

Et oui la fin d’un monde où le fascisme tue
La haine qui explose en un plastic meurtrier
On se dit exilé ou bien rapatrié
Mais qu’importent les mots quand on est abattu
Ici on tue les gens sans toujours les trier.

Le jeudi huit février, ils étaient trente mille
A battre le pavé de notre capitale,
Parce qu’ils refusaient cette marque brutale
Qu’imprimaient les factieux dans le cœur de nos villes
Ils étaient trente mille en harmonie totale.

« Des slogans et des chants mais aucune violence »,
Telle était la consigne et tous la respectaient
Leur combat était vrai et sans ambigüité
La paix juste la paix et sans ambivalence
Ils étaient venus là sans animosité.

Mais la mort les guettait à l’angle d’un bistro
La mort par le « bidule » en un choix de hasard
Thanatos attendait n’importe où, charognard
Puis il les rattrapa aux portes d’un métro
Et s’écoula leur vie comme un sang communard.

Ils s’y mirent à neuf, sans chichis ni dentelles
Pour mourir à Paris, quoi d’autre en vérité ?
Ah oui ce rêve là d’une autre Humanité.
Lisez leur nom gravé simplement sur la stèle
Le 08 février 2012