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Roger VIDAL

Ma mère, ma maison…

(Le 23 mars 2008)

La maison sommeillait figée sous sa parure
Sensible au paysage alentour, au décor,
Elle dormait croyant être en hiver encor
Mais la clé a tourné, musique en la serrure
Alors elle a ôté son manteau de froidure.

Je suis passé d’abord, sans bruit, à pas feutrés
Et je l’ai saluée gravement intimiste :
- « Bonjour nous arrivons un peu à l’improviste
Mais il faisait si froid » ai-je dit empêtré,
Elle m’a répondu « Finissez donc d’entrer ».

Jane s’est avancée vers l’âtre, sans attendre,
Temps d’hiver et pourtant premier jour de printemps,
Le bûcher était prêt depuis déjà longtemps,
J’ai craqué l’allumette et du cœur de la cendre
Une flamme est montée lécher le sapin tendre.

Elle était inchangée ma demeure occitane
Et tout autour de nous montait dans la cuisine
Une odeur mélangée d’écorce et de résine,
Et tandis qu’au dehors soufflait la tramontane…
Mes souvenirs dansaient au fond des yeux de Jane…

La neige en tourbillons dés la fin de frimaire
Venait tout adoucir au rude paysage
Et sous la cheminée, posé par l’enfant sage,
Le sabot de noël, oh je crois bien ma mère
Que je devenais roi d’un pays de chimère.

Tout cela est resté vivant en ma mémoire
Ce monde de l’enfance, acquis ensorceleur,
Ce feu et cette vie, cette immense chaleur
Le banc de bois grossier, la table ou bien l’armoire
Ah mon histoire ici s’inscrit en un grimoire.

Et puis sont toujours là vos ombres accueillantes
Votre paix en ces murs, la douceur qui rassure,
Et près de la fenêtre ou dans son embrasure
Vos portraits un peu flous aux lueurs vacillantes
Seriez-vous toujours là mes douces bienveillantes ?

Ma vie hors de ce toit fut longtemps désamour
Je vous ai tant aimé… J’ai tant touché tes pierres…
Fidèle mon pays de souches et de lierres
Tes contes, tes chansons, ton esprit, ton humour…
Ma mère en ta maison, j’ai tant appris l’amour !

Ici on prend le temps d’aimer ceux qu’on enterre
Ah je mourrai je crois du mal de cette terre.