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Roger VIDAL

Les purs du Mont Sur

Dans les brumes du temps me revient ton histoire
Et la mienne du coup douloureuse soudain
Toute de noir frangée par ceux dont la victoire
N’a laissé que silence ou des mots de dédain.
Et pourtant tu es là transperçant les nuages,
Et percutant le ciel et nous offrant l’azur
Ta légende habitée depuis le moyen age
Toi qui défies le temps ici sur le Mont Sur.
Tu ne serais je crois qu’un banal fait divers
Si je te connaissais seulement par les livres
Mais je reviens vers toi dans le cœur de l’hiver
Pour te voir estompée sous quelques doigts de givre.
Et te voila tremblée au doux fusain des bruines
Enveloppée d’éther aux vapeurs des fantômes
Mystiques torturés qui veillent sur tes ruines
Ah ils sont toujours là à errer, tes bons hommes.
Ils erreront ainsi en ces limbes, flottant
S’inventant pour leur songe, une autre dimension,
Comme une éternité qui se jouant du temps
Va se réaliser en réincarnation.
Demande de conter l’histoire à chaque pierre,
Celle qui fut vécue et non celle qu’on dit
Racontez nous Corba et Roger ou bien Pierre
Les prières des purs, l’épopée des faidits.
Ils n’étaient déjà plus ou si peu de la terre
Le consolamentum avait rompu les chaînes
Dérivant consolés vers l’infini mystère
Ils étaient déjà loin des plaisirs et des haines
Ils ont brûlé là haut déjà si prés du ciel
Hors du temps, des boulets lancés au trébuchet
Leurs yeux voyaient déjà derrière l’arc en ciel
Leur apparence seule a brûlé au bûcher.
Car ils furent deux cent ou plus, à tant aimer
Ces purs, ces non violents que l’on disait parfaits
A monter vers le ciel en la même fumée
Mais c’est tout un pays que l’on avait défait
Et cette terre ici, garde la cicatrice,
L’herbe ne pousse plus où ils furent brûlés
Les cramats sont partis au champ du sacrifice
Mais leur âme est restée à jamais consolée.
Vous les purs qui aviez pensé un autre Dieu
Qui avec votre foi, le mieux coïncidait
Qu’importe la doctrine et qu’importe les cieux ?
Il reste qu’on vous a tué pour vos idées.
Moi je ne sais de vous que votre non violence,
En ces temps où tuer était loi de saison
Le redirais-je assez, vous étiez en avance,
Fi des religions, c’était vous la raison.