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Roger VIDAL

La vie pourtant

D’espoirs désordonnés et de rêve à l’envi,
De ces unions - passions qui tant furent les nôtres,
Je vous aurai enfin vécu, toutes mes vies,
A plein et jusqu’au bout, les unes et les autres.

Ainsi seront passés mes jours et puis mes nuits,
Paradoxalement semblables et uniques,
De retours attendus aux soleils de minuit,
Aux saisons revenues en fréquences cycliques.

Est-il circonférence où est-il linéaire
Ou en segments brisés ce temps nommé « durée »
Intégrale abstraction de ces rêveurs lunaires
Ou valeur définie au terme mesuré ?

Au creux de mon oreille ou au fond de mes yeux,
Il restera toujours les sons et les couleurs,
Musique de nos vies est-ce là être vieux,
En connaître le prix et peser les valeurs ?

Les vents dans les roseaux et les voix des vivants,
Nos rêves de vainqueurs pour nos vies de vaincus,
Dans l’herbe des prairies nos espoirs dérivant
Se noyant dans l’étang, c’est ça avoir vécu ?

Le soir quand tout s’éteint, où s’en vont un peu plus,
Tous les temps de la vie et surtout l’avenir,
Je vous garde serrés vous qui ne serez plus
Qu’une ombre prisonnière au fond d’un souvenir.

J’ai voulu garder l’eau dans le creux de mes mains,
Entre mes doigts serrés…oh utopie blessée !
Comme si l’on pouvait figer des lendemains
Au prétexte banal qu’il y eut un passé.

Alors que se transforme en moi la perception,
De l’espace et du temps, de tous les extérieurs,
Il naît le sentiment d’une révolution,
Qui va bouleverser la vie de l’intérieur.

De tout ce qui a fait l’imparfait que je suis
Mon argile ou ma chair, profondément terrien,
Des triomphes naïfs aux revers qu’on essuie,
Tout silence ou tout cri… je ne renierai rien.

Ah j’ai tant cru en nous mes amis, mes humains,
Peut être un peu servir, tout le sens de nos vies,
Serait ce l’illusion sans autre lendemain
Rien qu’un rêve d’amour longuement poursuivi ?

J’ai vécu avec vous mes frères, mes pareils
Ou du moins je l’ai cru si c’était faux tant pis,
Même si je prends feu à ce brûlant soleil,
Amour, fraternité, je crois en l’utopie.

Rêve d’humanité, cœur de ma déraison
Ah mirage si humble et fou en même temps
Lumière oh vraie chimère hors de toute saison
C’est sur je te prendrai, avec moi, en partant.