La lettre inachevée
Je vous écris ce jour, ma plume révélant,
Un pays qui n’est plus que vapeurs dans les yeux,
D’une ondine perdue dans l’infini des cieux
D’Ys ou bien d’Avallon, à la mer, se mêlant.
Oui je me vis souvent comme un rêve en l’espace,
Cet Ixe de Gamma, cet Ygreg de Bêta,
Ce passant qui un jour d’accident s’arrêta ;
Où allez vous chercher ma mie que le temps passe ?
Que dire à ce témoin installé sur la rive
Alors que coule l’eau toujours renouvelée,
La même infiniment, simplement en allée ?...
Le temps reste, nous seuls sommes à la dérive.
J’ai toujours existé de rien et d’à peu prés
Ne connaissant d’hier que la nue confusion,
Ne sachant de demain que la vaine illusion,
Oublieux de l’avant, ignorant de l’après.
Car je ne suis que ça, visiteur dilatoire
Errant de grève en grève, au gré des fantaisies
Qui n’ai plus de passé qu’espaces d’amnésies
Et vous voudriez l’intrigue écrite et péremptoire ?
J’ai l’incapacité à graver dans le marbre
Je sais la fleur, l’oiseau, un peu les boniments,
Je marche à pas légers au coeur des sentiments
Mais j’ignore toujours comment on plante un arbre.
L’irréel c’était Eux, la terre c’était Elles
Nos univers ainsi sont tracés tous pareils,
Moi j’ai pris les brouillards et vous les pleins soleils,
Nos voiliers vont voguant sur deux flots parallèles.
Vous irez en éclats de joies, en déraisons,
Il suffira de peu, deux cœurs, une chaumière
Et vous redeviendrez l’éclatante lumière
Qui éclaire en chemin le parcours des saisons.
Vous devez tout oser et même le scandale,
De vous tout est permis, rien n’est contre nature,
Ah votre age le peut ! Risquez donc l’aventure
Et perdez mon image en son propre dédale.
Ma lettre ne sera jamais vraiment finie,
Mais revenez bien vite à la vie vivement,
Au quotidien concret et pour vous seulement
Pour vous, rien que pour vous, précieuse et infinie.
Vous êtes de ce jour et puis des jours suivants,
Vous serez ordinaire et unique à la fois
Quelconque pour certains, sublime toutefois
Car votre place est là, au monde des vivants.
Au monde de l’Amour…
Le 21/02/2009
