Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Roger VIDAL

La Commune Espagnole


Il n’est rien qui soit doux et rien qui soit cruel
Comme ces souvenirs que de vous j’ai appris,
Pages blanches noircies de leurs mots de mépris
Du mur des fédérés érigé à Teruel
Nos peines sont partout où le deuil nous surprit.

Lorsque le mois de mai rougit en nos cerises
Ou bien lorsque décembre en ses brumes s’étend
Il revient à mes yeux l’image de ces temps
Où les couleurs de vie soudain devenues grises
Mettaient en nos Courbet l’Espagne au cœur battant.

Ah tu seras toujours, poésie de l’espoir,
Le rêve seulement qui chût avec fracas
De ce père Lachaise au cœur de Guernica
Pour qui mélange amour et puis fol désespoir
En confondant Clément avec Garcia Lorca.

Je sais, je sais combien, tout en moi se mélange
Théâtre de Shakespeare et celui de guignol
Un air de la sociale et l’accent espagnol,
Le gout de la cerise et celui de l’orange
Commune de Paris privée de rossignol.

Indignés avant l’heure et tout à fleur de peau
De Bakounine à Marx, pavé ou embuscade,
Parcourant les sierras ou sur la barricade
Vous mêlez rouge et noir aux plis de vos drapeaux
Insurgés de Paris, combattants des brigades.

Vous fûtes ces vaincus, fusillés sur les places
Ou bien ces exilés dont l’histoire dévie
Communards de Bel’ville aux parcours indivis
Rouges noms d’Aranjuez que les rosiers enlacent,
Je n’ai que ces mots là pour évoquer vos vies.

Je n’ai que ces mots là, que nul ne les efface.

Le 29 mai 2011