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Roger VIDAL

Invierno y infierno

Madrid cœur de l’Espagne allumait ses néons
Nous marchions sans un mot vers la puerta del sol
Lorsque venu d’ailleurs, d’un bistro en sous sol,
Un air nous arrêta, traînants bandonéons
Pour cette paloma en manque d’orphéons,
De pigeons rencontrés…
Et nous sommes entrés.
La fiesta c’est toujours quand on sent vivre l’âme
Castille transie dont les trois mois d’invierno
Attendent l’été pour entrer en infierno
Vous vivez en hiver de passion et de drame
Rigide ou débridée mais tout ça pour la dame
Et pas d’illégitimes,
Maria aux intimes.
Ciudad c’est le sud, tes ramblas promenoirs
Qui s’agitent souvent dans des apparats stricts,
Tandis qu’en un patchwork tes vingt et un districts
Se mélangent d’Eros en tes rouges et noirs,
Par la chair entrevue aux franges des peignoirs,
Lorsque le soir fignole
La tragique espagnole.
Mais les romans d’amour abreuvés d’eaux de roses
En France comédies, Italie, pantomimes,
Ici sont Murillo, Vélasquez des menines,
Ils ont peint sur le lin ainsi qu’on fait des proses
Et Vénus au miroir magnifie les névroses
Tel un pervers cadeau
Aux curieux du Prado.
Madrid, il m’a fallu dépasser la censure,
M’arrêter très longtemps au détour d’un couloir
Car c’est dans ce musée que j’ai pris sans vouloir
Sous la crucifixion de sanglante blessure,
Toute ta dimension, toute ta démesure,
Aux toiles, capturé,
Ton passé torturé.
Et puis les souvenirs dans leur cruauté nue,
Stigmates effacés des rues mais dessinés,
Les avions du mois d’août, enfants assassinés
Dont la plainte est restée aux bouches, contenue
Et le poids des soldats au cœur de l’avenue,
Peuple mis au supplice
Par l’homme de Galice.
Que saurons nous jamais en dehors des rumeurs,
De l’Espagne vaincue, d’aigle ou de catholique
De ce tres de mayo jusqu’à sa république,
Tout ce passé passant oh Goya toi qui meurs,
Cette espada plantée au milieu des clameurs
Le costume exigé
Pour tout ce sang figé…
C’est juste dans ta tête un nom dont la fierté
A fait tomber les murs et gonfler les poitrines,
Avec ostentation, Madrid, sur tes vitrines,
S’affichent pour t’avoir si longtemps désertée,
Ces mots d’amour « je chante avec toi LIBERTE »
Vive aux cœurs sans enclaves,
Le chant des chœurs d’esclaves.

« Canto contigo libertad»