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Roger VIDAL

Gitane passion

Gitane Giralda, girelle de minuit,
Aux couleurs de ferias et de chants andalous
C’est ton corps Sévillan que sur ma croix tu cloues
Et Ta guitare en feu dans le cœur de la nuit.
Guttural cri d’amour ta rauque sérénade
Traversière en mon cœur. Ce coup de baïonnette
Rythmé de tes talons battants de castagnette
Me perfore de noir et de rouge grenade.
Titi Robin l’opus aux doigts d’insoumission
Payo Michto vivant en l’enfer du damné
Ton sud de flamenca et Manitas est né
Longue liane enroulée, enrouée de passion.
Et monte par le cri cette danse totale
De ta chair violentée libérée des raisons
L’éclatement subit, myriades floraisons,
Mille roses soudain en l’unique pétale.
La plainte naît, s’étend à ta langue asservie
Et dans le musical qui jaillit de l’organe,
Le long déchirement sur ton corps de tzigane,
Le refus de la mort, le baiser de la vie.
Ou le refus de vie, le baiser de la mort
Qu’aurais tu donc été sans la nuit Linaraise
Ma bohémienne nue, douleur aux yeux de braise
Et cet appel jailli de ta bouche qui mord.
Car je suis le vivant du sang de ta morsure
Qui coule sur ta lèvre où sourd la mélopée
Fulgurant résumé, ma vie, mon épopée
Fragment d’un cœur qui bat sa dernière mesure.
C’est dans ce rendez vous au galop de guitares,
Aux brasiers allumés de tsigane ou manouche,
Que j’ai appris l’amour de ta danse farouche
Alliance des corps aux mystiques barbares…

Ah elle allait au jour, le soir la déroba,
Longue robe tournée aux laines des torsades
De purs déhanchements et d’ultimes glissades
Pour un Ramon rompu de kriss et de rumba.
Est-ce l’amour ainsi affranchi sans dessein ?
Ta danse au flamenco n’était plus que supplice
Il était prés de toi avec l’ombre complice
Et le couteau malais qu’il plongea dans ton sein.