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Roger VIDAL

Et le temps passera…

Et puis on va s’aimer va c’est bien commencé,
Avec tout cet amour qu’on se gardait pour soi,
Avec des mots velours, avec des mots de soie
Avec des mots mêlés puis des mots fiancés,
Parlant de l’avenir on dira que c’est vrai
Qu’on va vivre toujours et toujours se garder
Sans se perdre des yeux, toujours se regarder
Car c’est cela s’aimer, croire qu’on sait l’après.
Et les yeux dans les yeux va on avancera
Et le temps passera… et le temps passera…
Et il nous laissera de cet amour perdu
Qui explosait parfois en bouquet de passion
De troublants souvenirs, de douces affections,
Un mélange de rêve et d’espoirs éperdus…
Et nous nous souviendrons de nos baisers d’avant
De cette agitation naissante de nos lèvres
En une vibration comme une onde de fièvre
Aussi douce que l’est la caresse du vent.
Et en y repensant nous deux on sourira
Et le temps passera… et le temps passera…
Et puis on va vivre va déjà on se vit,
On se vit l’un pour l’autre en ne le disant pas
En s’apprenant encor chaque jour pas à pas,
Comme on apprend, calmé, ce qu’il reste de vie
Et nous ces mots fanés va on les gardera
Et le temps passera…et le temps passera.
Et il accrochera au fond de nos regards
L’apparence tremblée des douces habitudes,
Un peu moins de clarté, un peu de lassitude,
Un peu plus de poussière en nos cheveux épars.
Et il colorera de pastels, doucement,
Nos journées de juillet aux soleils éclatés.
Il mettra de l’automne, un peu, dans nos étés,
Et dans tous nos désirs un peu d’apaisement.
Et au fond de nos yeux tout ça on le lira
Et le temps passera … Et le temps passera …
Et puis on va vieillir, déjà on devient vieux,
Comme ça en passant sans jamais s’agresser,
Comme ça doucement surtout sans se blesser,
En faisant, tous les deux, ce qui semble le mieux
En oubliant un peu les choses d’aujourd’hui
Et un peu plus qui sait toutes celles d’hier,
Mais en nous souvenant peut être d’avant-hier
Car c’est un grand secret la mémoire qui fuit.
Et ceux qui nous verront diront qu’on se ressemble,
Avec nos mains tremblées et nos fronts qui se plissent.
Et nous, nous sourirons d’un sourire complice
En sachant que cela nous apparaît ensemble.
Mais les rides du cœur on les évitera
Et le temps passera… et le temps passera.
Et il nous offrira sur un très vieux grimoire
L’histoire de nos vies qui n’en feront plus qu’une
Ecrite en lettres d’or. Notre ultime fortune,
Elle sera cela : une même mémoire.
Puis des fauteuils pareils installés dans la chambre,
Et ce même parler qui traduit « je » par « nous »
Et les heures dorées à ne savoir que nous,
Et l’éternel Noël en l’éternel décembre.
Et puis d’éternité le temps nous vêtira
Et il s’arrêtera… et il s’arrêtera…