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Roger VIDAL

Dire la vie

Si de ma vie je perds le fil,
Je suis à moi-même, étranger
Quel peut être mon avenir
Si je n’ai plus de souvenirs ?
De toutes choses inchangées,
Laissez-moi retrouver le fil,
Je suis présent par mon passé,
Mieux te le dire, ne le sais.
De nos amnésies, qu’advient-il ?
Moi j’ai le cœur pareil aux vôtres
Ni plus que vous, ni moins ridé
Et ma tête pleine d’idées
Comme le sont tellement d’autres,
Laissez-moi être sujet « IL »
De vous, mon cœur jamais lassé,
Mieux te le dire ne le sais.
A vivre d’éternels exils,
Je ne m’use qu’au permanent
Car au jeu d’être et d’insister,
Je n’abuse que d’exister
Comme un éternel revenant,
Laissez-moi vivre mes exils,
Jamais je n’ai pu vous laisser,
Mieux te le dire, ne le sais.
Et de nous, qu’en demeure-t-il ?
De cette façon nous passons,
Lorsque s’étirent les rencontres,
Que vont les aiguilles aux montres,
Et que d’aimer nous nous lassons.
Gardez-moi, même puéril,
Nos vies, nos vies, si peu pensées,
Mieux te les dire, ne le sais.
Nos existences sur un fil,
On ne les vit pas par décret,
Ce n’est que ça naître et vieillir,
Toutes ces fleurs qu’on va cueillir
Et parfois l’épine en secret…
Moi funambule, sur mon fil,
Demain déjà nos fronts plissés,
Mieux te les dire, ne le sais.
De nos mémoires en péril,
Tant d’amour ne saurait se taire.
Car vous vivre chaque seconde
Vous toutes choses de ce monde,
Rend si précieux votre mystère,
Tant pis si vivre est grand péril !
Tant de passion ne peut cesser,
Mieux te le dire, ne le sais.
Serais-tu « Elle » ? Je suis « Il ».
Et que nos sexes donc s’éveillent
Mais quand nos corps auront passé,
Mon âme alors saura penser :
« Ah que la vie nous fût merveille »
Oh à toi ELLE et à moi IL
D’autres que nous le sauraient-ils ?
Aimer si fort, fut insensé,
Mieux vous le dire, ne le sais.