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Roger VIDAL

Ce trait qui nous relie

Frêle et folle fillette aux frivoles froufrous
Je me souviens de vous qui veniez sur ce banc
Vous poser près de moi, empressée peu ou prou,
Blondes tresses au fond couronné d’un ruban,
Douze ans pour nos baisers, nos corps se dérobant,
Faciles, fille enfant, vos frivoles froufrous.

Je garde le regard qu’avait ce grand garçon,
Vous laissant onduler lascive liane au vent
Je m’esquivais pensif, vous fondiez mes glaçons,
Froufroutant vos envols, vous alliez relevant
Votre jupe et jupon et ceci bien avant
De passer le ruisseau avec ce grand garçon.

Franc tireur, franchement, j’eus franchi je l’avoue,
Plus de rus même en crue et plus de rubiconds
Que ne le fit César, pour un soupir de vous
Et la rose de neige aux cent mille flocons
Je l’eus cueillie, posée au bord de vos balcons
Des lèvres, en tremblant de fièvre, je l’avoue.

Ma douce amie promise aux misères du temps
Ne plus vivre n’est rien si on a existé
Comme ces enfants fous que nous fûmes longtemps
N’est-ce point l’important cela, avoir été ?
Je rajeunis un peu lorsque revient l’été,
Ma façon d’effacer les misères du temps.

Et d’ailleurs qu’est ce temps que j’ai perdu pour vous ?
Tout pour sûr, plus que tout j’en suis bien convaincu,
Ces heures à brûler d’espoir aux rendez vous,
Le plein de sentiments… et vainqueur ou vaincu
Je me sens vieux des jours que je n’ai pas vécus
Je suis jeune du temps que j’ai perdu pour vous.