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Roger VIDAL

Car la voile était noire

Quand ta vague s’en vient battre au cœur de ma grève
Et que les chevaux bleus s’écument tout en blanc
Quand l’éperon rocheux vient poignarder leurs flancs
Alors je m’endors là dans le creux de ton rêve
Comme un enfant détruit et reconstitué
Je te chante la mer qu’on a prostituée.

Farouche monte en moi ma sauvage hérésie,
Comme une soif de toi qui m’étouffe et m’étreint
Que tes jambes se nouent et m’enlacent les reins
Embarque moi plus loin au bout des poésies.
D’immortelle légende où la mer se démonte
Je vais recomposer les marées qui remontent.

Ta longue chevelure aux nordets insistants
Danse ma blonde Iseut où mon rêve l’emporte,
Une a une se sont fermées toutes mes portes
Souviens toi de mon nom, je m’appelle Tristan,
Je ne vis que par toi ma druidique obsession
Wagner m’atteint peut être au cœur de ma passion.

Je meurs de cet instant où brûle ma Celtique
Et c’est Lug qui me prend ou peut être Nuada,
Kaherdin vous direz : « C’est quand il s’évada
Qu’il entra dans ces fers de ses geôles mythiques
Où il n’est de liens qu’invisibles pourtant
C’est là que s’accomplit le meurtre de Tristan ».

Ce n’est pas le poison comme disent les livres
Qui me tue mon amour, ma passion et ma reine
Car la voile était noire et je meurs de ma peine
Et tu meurs avec moi cela s’appelle vivre.
Redis moi doucement cette phrase insensée :
« Ils se sont tant aimés de sens et de pensée »

Entends la Cornouaille aux chants de tes Irlandes
Ah donne moi ta coupe ainsi qu’un saint ciboire
Le philtre de Brangane, amour, je vais le boire
Il n’est qu’une magie qui passe sur la lande,
Nos deux songes mêlés ne peuvent s’abîmer,
C’est dans l’éternité Iseult qu’on va s’aimer.