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René DOMENGET

La vision.

Mon fils j’étais un jour au sein d’une forêt,
A cet instant si doux où le matin paraît,
Assis, à l’habitude, au bord d’une rivière,
De l’aurore admirant la sublime lumière ;
Le présent, le passé en mon cœur défilaient,
Du pire et du meilleur du très beau au très laid,
Le dessin imprimait l’écran de mes paupières ;
Et là-bas au lointain s’éveillaient les chaumières.

Une fille chantait sous la verte coupole,
Son doux chant s’élevait comme un léger fumet
Une brise sortant de la gorge d'Eole
Frôlant au passage des sapins le plumet.
Sa chanson éveilla en moi un souvenir
De ce temps où j’avais encore un avenir ;
Entre les frondaisons le ciel était d’azur,
Et à mes pieds coulait l’eau d’un ruisseau si pur,
Que ce chant qui montait tendrement vers les cieux,
Fit de moi un enfant qui entrouvre les yeux.

Et la belle chantait, je la pensais légère
Et courtement vêtue, sautant dans les bruyères,
Cueillant des champignons, du gui ou des fougères.
Etait-elle baronne ou bien simple fermière ?
Elle était au printemps, à cet âge ravi
Où les fruits de l’amour éclosent provocants,
J’en étais à l’automne et lorsque je la vis,
Je crus revoir ta mère à l’âge de vingt ans.