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René DOMENGET

La Corrida


Les cuivres ont sonné dans le ciel de Séville,
Réveillant les ardeurs des fougueux Andalous,
Séduisants Hidalgos au regard qui pétille,
Aux lèvres mi-closes cachant des dents de loup.
De ces loups assoiffés du sang de leur victime,
Pauvre bête élevée pour n’avoir qu’un seul sort,
Et qui en un seul jour, en un combat ultime,
N’a jamais qu’un seul choix : y rencontrer la mort.

Il arrive au galop au centre de l’arène,
Effrayé par les cris qui montent des gradins,
De ses puissants naseaux s’échappe son haleine,
Et sa tête balance au son des tambourins.
Il regarde au lointain les capes couleur d’or,
Qu’agitent devant lui les banderilleros,
Il entend annoncer l’entrée du picador,
Qu’accueillent les vivats des aficionados.

Il ressent, au garrot, une brûlure intense,
Que provoque la pique enfoncée dans sa chair,
Douleur qui disparaît, puis revient la souffrance
La banderille a jailli semblable à l'éclair.
Le sang suinte alors de l’échine luisante
Du robuste animal, face au grand matador
Mesurant du regard cette masse puissante,
Qui gratte du sabot le sable au reflet d’or.

Puis se déclenche enfin une danse infernale,
La rouge muleta voltige devant lui,
Comme pour endormir cette force brutale,
Dissimulant le fer sur qui le soleil luit.
Le brillant torero place les véroniques,
Faisant virevolter le pauvre être affolé,
Tandis que dans les airs s’élève la musique,
Paso Doble endiablé que rythme les "Olé!".

Le silence est tombé, voilà que devant nous,
L'estocade a soudain fait tonner les bravos,
Quand devant son vainqueur il plie les deux genoux,
Qui nous dira jamais, ce que sent le taureau.

Chambéry 2000