Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Renaud BOSC

Val de Loire

Je pense à toi, la Loire, et à tes bancs de sable
Où viennent se poser des oiseaux passagers,
A ce charme puissant et indéfinissable
Que tes berges déploient d’Orléans à Angers.

Episodiquement, un pont jette ses arches
En nombreux ricochets sur le plat de tes eaux
Sans distraire un instant ton impassible marche
Vers l’océan prochain entre de blonds coteaux.

Des villes de tuffeau et d’ardoise angevine
Sont blotties par endroit sur le bord de ton cours,
Où des maîtres du verbe en des broderies fines
Vantaient jadis leur belle et leurs nobles amours.

Je pense aux ouvriers cuirassés de courage
Qui, de ces villes, ont été les bâtisseurs,
Qui chantaient le matin en allant à l’ouvrage
Comme nous le contait mon vieil instituteur.

Ma pensée est pour eux plutôt qu’aux rois de France
Quand je vois se dresser abbayes et châteaux,
Pour leur art consommé, leur antique science,
La joie de leurs refrains, l’écho de leurs marteaux.

Les pierres excavées ont laissé des ornières
Dans tes flancs, souterrains ici emménagés
En logis troglodyte et en champignonnières
Où le rai du soleil ne peut se propager ;

Le soleil qui sur toi réverbère ses flammes
Pour mûrir lentement des crus de grand renom
Que dans leurs réunions, de bons viveurs acclament
De l’Aubance au Vouvray, du Bourgueil au Chinon.

Et de tous tes enfants, le plus emblématique,
L’illustre, le fameux, le grand Gargantua,
A vidé à lui seul bien plus d’une barrique
Durant ses libations riches de chapons gras.

Toi, Loire, descendant de ta lointaine source,
Saisis-tu en passant un peu de la rumeur
De ce peuple hardi pour, au fil de ta course
L’emporter vers la mer où ta force se meurt ?