Vos
poèmes

Avec son ample pardessus
De trivial exhibitionniste
Et ses goûts clairement perçus
De noctambule opportuniste,

Avec son ombre dans le soir,
Ses fines oreilles moirées,
Sa voix suraiguë, son œil noir
Et ses quenottes acérées,

Avec ses us plutôt pervers
De résident d’une caverne
Qui s’endort la tête à l’envers
Et fuit la plus humble lanterne,

On pourrait croire l’animal
A la mine patibulaire
Véritable génie du mal
Et ne désirant que déplaire.

De tristes croquants par ailleurs,
Pleins de superstition maligne
L’ont accablé pour son malheur
D’une réputation indigne.

Mais quand, la brune, saluant,
En tapinois, il part en chasse,
D’un tas d’insectes polluants,
L’air de rien, il nous débarrasse.

Et nous, espèce qui voulons,
Du vieil Icare faire école,
Le chiroptère est, rappelons,
Le seul mammifère qui vole !

Il peut même ça pratiquer
Dans une obscurité complète
Grace à un sonar embarqué
Qui le dirige à l’aveuglette.

Alors soyons respectueux
De la discrète créature
Qui bat l’espace aventureux
De ses longs doigts en armature.