Épousez-moi, je meurs, en bon vœu de noblesse, J'ai de votre sourire une étrange beauté, De vos doux yeux l'écrin de toute ma tristesse, Et pour vous conquérir, l'azur de royauté.
L'aube a défiguré d'augustes diablotines, Prétendu l'or, le sang, de mes maux imparfaits En criant mes sanglots à travers leurs rétines ; Je serai près de vous le plus beau des méfaits.
Dans l'ombre et le carmin familiers de vos mines, J'ai voulu tour à tour marcher sur l'horizon, Tantôt suivre la sève aux atours d'héroïnes ; Vos larmes de Zéphir pour ma seule oraison.
Il n'est plus doux baiser qu'un vôtre je languisse : Comme un dernier refrain, pourtant fou mais discret, — Rimant de grâce au seuil de vos lèvres calice — Un baiser sur mon front, un seul me soignerait.
Vous n'êtes que pour moi la fièvre impératrice, Je viens vers vous jeter le feu sur mon linceul, En offrande à la flamme : un geste pas un vice ; Transcendez ma prière au glas du matin seul.
II
Ne faisons pas encore attarder l'officine, Ne blessez pas le corps d'un ange du Léthé ; Éclaircissez l'écume aux yeux d'une abyssine, Apaisez de vos mains mon cœur accidenté.
Qu'attendez-vous de moi, trônant sur vos assises ? Je saigne sous l'ardoise et sous votre parure ; Nul doute que l'aurore a fait vos mains exquises : C'est que noble péché vous êtes je le jure.