Disparition
Dans mon grand jardin d'Angerville,
J'ai perdu mon fidèle gardien,
Et mon verger, lui si tranquille,
Devient repaire de vauriens !
Ils jouent chacun d'un instrument,
Et les merles de leurs joyeux trilles,
Ponctuent l'arrivée du printemps :
Tout ce beau monde s'égosille !
Mon vieil ami à quatre pattes,
Régnait en maître sur cet espace,
Pigeons, lapins et autres chattes,
Nul n'osait occuper la place !
De temps à autre, un rouge-gorge,
Impertinent, très familier,
Venait chercher jusqu'à ma loge,
Quelques miettes pour se rassasier.
Mon Black tolérait les mésanges,
Car il savait ce passereau,
Porteur comme le sont les anges,
De paix, de bonheur et de beau !
Hélas, tout passe et tout finit,
Et c'est par un torride été,
Que mon copain, mon vieil ami,
Tout doucement s'en est allé.
Au tout dernier de ses instants,
Alors se sentant terrassé,
Il m'a regardé, implorant
De ne pas être abandonné.
De ma main, en le caressant,
J'ai fait passer un long message,
Et dans un ultime jappement,
Il m'a quitté pour le voyage.
Depuis que mon Black est parti,
Ils sont légion à envahir
Mon jardin jadis interdit
Devenu libre à leur plaisir.
