Je ne fais point de ma condition, mystère. Il n’est plus question de hanter les sapinières. Les vierges les ont délaissées pour les cités. Elles n’y remarquent pas qu’au lieu de pieds, Mon blue-jean abrite deux sabots fourchus. Ce qui peut les inquiéter est mon aspect velu. En caressant mes blondes boucles de leurs doigts Elles ne se doutent pas que ce sont de petits bois Qu’un vieux bouc m’a légués en croisant une dryade. J’ai, je le sais, ce qu’elles nomment « Beauté du Diable ». Je suis jeune. Ma vie se résume à jouir sans carcan. Ma lippe sensuelle est gonflée d’espoir inlassablement. Je songe, l’œil immobile, à mon prochain trophée, Qui, devant mon visage, d’or nimbé, Ne pourra que, fatalement, succomber . . Moi, le jeune faune, je perpétue la tradition antique, Et porte sur ce monde urbain mon œil cynique