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Pierre HESBERT

La crise : la Mouche de Leibniz

A son bureau, le Grand Homme
Use le pour, le contre , et sa gomme.
Ministres, cabinet ont réfléchi
Comme les assemblées, à ses ennuis.
Décider, enfin, rapidement, pour sauver
La planète de l’irrespirabilité !
Et, aussi, répondre, avec vivacité,
Au peuple en crise de satiété .
Il lui faut choisir en impartialité.
Brosser son peuple dans le sens du poil
Cela allongerait sa popularité.
Au besoin, il couvrirait d’un voile,
Les suites qui nuiront à leurs héritiers.
Nourriture ou respiration ?
Son grand voisin a baissé les salaires,
Investi pour les emplois de sa population,
Pour qu’il respire un meilleur air.
Son peuple à lui, n’a cure de plus vite décéder.
Il veut, juste, du pain pour demain,
Et se fout de savoir si l’après-demain
Lui permettra encore d’exister.
Devant son thé au jasmin, ce soir,
Et un biscuit, le G rand Homme broie du noir.
Faut-il plus pencher à droite ?
Son stylo en est tout moite.
En tout cas, il ne peut en rester là !
Le Grand Homme, trop seul, est las ;
Il cherche, tant qu’il peut, une voie,
D’ailleurs, tout comme moi
Qui tricote les fils de ce laborieux poème,
Comme si j’étais sa chère petite reine.
Soudain, un bruit léger
Vient troubler le silence,
Et la réflexion de Son Eminence.
Celui-ci lève un œil pour le poser
Sur l’abat-jour très fatigué.
Une mouche y bruit,
Une grosse mouche qui lui sourit.
Ses gros yeux à facettes
L’invitent à une causette.
Le Grand Homme éprouve un doute,
Car il n’y comprend goutte !
Pourtant, il scrute ces facettes.
Il découvre, sur certaines, une lettre.
Il les reporte machinalement
Sur les carreaux de son papier blanc.
Il tente des tas de combinaisons
Jusqu’à trouver la solution :
« Prends un congé ! »,
Lit, le Grand Homme, exténué.
La mouche note son remerciement.
Il se relève silencieusement,
Coupe le courant,
Ferme la porte en s’échappant.
« Tant pis pour les gaz à effet de serre !
Bientôt, vous irez tous en enfer ! »