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Pierre HESBERT

Je meurs chaque fois que je peux

Je meurs chaque fois que je peux.
C’est l’apanage des bienheureux.
Si je ne meurs pas quand je veux,
Je ne serai pas malheureux.
C’est en traversant dans les clous,
Que m’a renversé un vieux fou.
J’ai tout de suite repensé
A ma vie de panier percé.
Je ne perdrai pas grand-chose
A quitter cette vie pas rose.
Alors j’ai joué la comédie,
Pour bien partir au paradis.
J’ai rédigé un testament,
En faisant don à mes parents
De quelques années d’enfant,
Né sans cuillère d’argent.
J’ai dégoté une grosse pierre,
Sous les pattes du Lion de Denfert,
Me suis bien préparé à l’Enfer,
En faisant le saut à l’envers.
Après ça on se trouve une raison :
« J’étais pas bien à la maison ».
Et puis on retourne au bureau.
On pense à prendre les grandes vacances,
Sans demander de billet d’absence.
Au cimetière Montparnasse,
On se dit que sa vieille carcasse,
On va lui trouver un logement,
Qui coûtera pas beaucoup d ‘argent.
Je lui trouve une tombe abandonnée.
Je m’y couche comme un nouveau né.
Et je meurs d’avoir, trop d’années,
Bouffé de la vache enragée.
C’est à mon tour de bien nourrir
Les vers qui me feront pourrir.
Au petit matin je m’éveille.
Je songe : « le ciel est une merveille ! »
Je sors du trou, un peu trop froid.
J’ai peur de provoquer l’effroi
D’une veuve noire qui serait là,
Vêtue de sombre, l’air très las.
Je lui dirais : « Viens avec moi,
Je ferai ma vie avec toi ! »