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Pierre CARRE

Au bord de l'onde

Souvent, j’aime venir m’asseoir au bord de l’onde
Pour m'échapper ainsi de ce cloaque immonde
Que d'aucuns aujourd'hui nomment "la Société".
C’est un endroit magique où tout devient possible,
Nulle angoisse en ce lieu, la vie est si paisible
Que l'on trouve là paix, calme et sérénité.

Parfois sans aucun bruit passe une libellule,
Elle avance, s’arrête un instant, puis recule,
Elle semble hésiter, et repart d'un seul trait ;
Une grenouille verte à l'affût d'une proie,
Au moindre mouvement ou quand un chien aboie,
Plonge sous les roseaux, d'un bond, et disparaît.

Dans ce miroir si pur, en passant, un nuage
A même interrompu le cours de son voyage,
Afin de se mirer et de s'émerveiller ;
Il m'est même arrivé d'observer des sarcelles
Qui cherchaient un endroit pour reposer leurs ailes
Mais n'osant s'y poser de peur de le souiller.

A la pointe du jour, lorsque le ciel s'allume,
Juste au bord de l'étang ouaté par la brume,
Un saule centenaire au contour incertain
S'incline prudemment pour tremper sa ramure ;
Pas un souffle de vent, pas le moindre murmure,
Il n'est que du silence aux portes du matin.

Dans les buissons épais, la faune dort encore
Et les belles-de-jour attendent pour éclore
Qu'un rayon de soleil ose les caresser.
De sous les frondaisons, le doux chant d'une grive
Musicienne accomplie, annonce qu'il arrive
Et que l'heure, à présent, n'est plus à paresser.

Quelques rais de lumière ont percé la feuillée,
Allumant mille feux dans l'herbe encor mouillée,
Et la rosée habile a métamorphosé
La toile de l'épeire en dentelle de perles ;
Sur la berge, on peut voir sautiller quelques merles,
Certains s'en vont vers l'eau, d'autres à l'opposé.

Un lapereau, prudent, se campe en sentinelle :
Un bruit, un mouvement, quelque bruissement d'aile,
S'il pressent un danger, il rentre en son terrier
Car s'il est courageux, il n'est point téméraire
Et sait que le renard ferait son ordinaire
D'un si tendre civet parfumé de laurier.

Un cygne impérial s'éloigne du rivage,
Laissant derrière lui l'éphémère sillage ;
Venu du fond des bois, un appel déchirant
Brise la paix de l'aube et rompt la quiétude :
C'est un vieux cerf dix cors qui rait sa solitude
Et quitte sa forêt qu'il salue en mourant.

Souvent, j’aime venir m’asseoir au bord de l’onde...