Il vit la caresse du vent, Il ignore son bruissement. Il sent les effets de la pluie, Sans entendre son clapotis.
Il suit la vie dans la rue, Qui se meut sans bruit, Où brouhaha et tohu-bohu, Sont visions de l'esprit, Où le vacarme fait vibrer l'air : Ces sons sont ses mystères.
Il comprend les sourires, Mais n'entend pas les rires. Il lit sur les lèvres notre monde, Il perçoit notre âme à la seconde. Il lit dans notre regard, Nos vérités, nos racontars. Il ressent la souffrance, Mais ses cris sont silences.
Il n'entend pas les mots d'amour, Ils ne sont qu'un émoi sourd. Il n'entend pas les belles paroles, Celles qui enjôlent, Celles qui cajolent.
Mais il ne perçoit pas non plus Ces mots qui lui auraient déplus, Qui ne valent pas d'être entendus : Les mots sots des entendants, Les mots moqueurs indécents, Les mots immodérés, Les mots qui maugréent, Les mots qui détestent, Les mots qui molestent, Les mots qui maudissent, Les mots qui meurtrissent, Les mots aux grands maux, Les mots petits, dits tout haut, Les gros-mots, dits à demi-mot.
