Que lui importe.
Que lui importe vos tracas futiles,
Vous les riches aux terres fertiles ?
Que sont vos soucis de millionnaires,
Ou vos comptes à découvert ?
Ce qui l’ulcère, ce qui l’atterre,
Ce sont ses terres austères,
Où l’abondance n’est que la misère.
Que lui importe votre cholestérol,
Vos régimes au sorbitol ?
Ce qui la mine, la désole,
C’est l’aridité de ses sols.
Que lui importe vos « maladies »,
De ventres repus et ses « pathologies»,
Elle qui lutte pour la survie de son petit?
Que lui importe vos bobos mesquins,
Alors que son bambin s’éteint dans la faim.
Que lui importe vos dîners fins, vos festins,
Elle qui espère un quignon de pain.
Ce bout de pain que chaque matin,
Vous repoussez d’un revers de main,
Histoire… de garder la ligne.
Quel geste indigne,
Dans son monde de disette,
Où l’on se repaît de miettes !
Quelle insulte à sa misère,
Il y a vraiment deux mondes sur Terre !
Que lui importe votre plastique du corps,
La sienne est celle de la mort.
Vos « soins » superflus et dispendieux,
Sont arrogance pour ses souffrances.
Et quand la faim la lance,
La mort devient presque un vœu,
Qu’elle réprime dans les yeux,
De son enfant souffreteux.
Mais c’est pour lui qu’elle vit,
Et c’est par lui qu’elle survit.
Et ce qui la rend fière,
C’est d’avoir contourné l’enfer,
Que le destin lui avait réservé,
Celui d’éteindre sa lignée,
Et de ne pouvoir enfanter.
Elle a conjuré le sort,
Qui avait organisé la mort,
Et a décidé de procréer,
Malgré les rigueurs de sa destinée.
Et c’est le sourire de son petit,
Qui agrippé à son bol de riz,
Lui rappelle chaque jour,
Que la vie vaut tous les détours.
