La nef du fou
Son âme est percée d’ulcères,
Ses douleurs ne pourront se taire,
Et jamais ne pourront se défaire.
Ses douleurs sont de toi,
Et malgré cela, sa foi,
Il la puisera toujours en toi.
Alors,laisse-le s’abreuver de toi,
Laisse-le se repaître comme un roi,
Mais ne le noie pas,
Car il croit en toi,
Comme un enfant en sa mère.
Vois comme il est sincère,
Dans sa dépendance si amère.
Laisse-le vivre son innocent bonheur,
Celui de voir s’égrainer les heures,
Sans heurts, sans peur,
Ce bonheur d’aimer le temps,
Près de toi,un moment,
Et de le maudire l’instant suivant,
Celui où il devra se sevrer de toi,
Celui où tu auras quitté son toit.
Un jour le temps sera son ami,
Il aura fusionné avec sa vie,
Il l’aura ravi à tes supplices,
Il l’aura soustrait à tes caprices,
Finis ses sacrifices!
Mais tant qu’il est encore chair,
Tu seras le sang qui mouille ses nerfs.
Et quand la vie s’écoulera de son corps,
Que ses pensées iront vers toi encore,
Au plus profond de la terre,
Quelque part en enfer,
Chaque atome de lui qui t’a aimée,
Se souviendra qu’un jour, il a vibré,
Pour toi,à en être damné.
Ainsi voguera sa nef,
Dans le souvenir de tes griefs,
Ainsi voguera sa galère,
Dans le souvenir des misères,
Qu'ont engendrées tes guerres.
