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Pellegrino SORICELLI

Fier comme Artaban

Chaque jour,
Il parcourt avec amour,
Le même tour,
Chaque matin,
Il entame avec entrain,
Le même chemin.

Prévenant,
Il marche bien devant.
Bienveillant,
Il écarte les passants,
Fier comme Artaban.

Au bout de sa laisse,
Il tire son maître,
Usé de vieillesse.
Et vainc chaque mètre,
Avec délicatesse.

Quelle gloire pour lui,
De refouler les malveillants,
Qui snobent son ami malvoyant!
Quelle gloire pour lui,
D'écarter d'un grognement,
L'insolent piéton négligent!

Mais c'est chagrin de le voir,
Le matin sur les trottoirs,
Tirant son impotent protégé,
Sans jamais broncher.

Et c'est pitié de le voir,
Haletant dans le soir,
Tirant son complice de toujours,
Qui perclus tout le jour,
Aspire à son secours,
Espère son assistance,
Implore la délivrance.

Et si parfois il marque un arrêt,
C'est qu'il n'en peut plus,
Lui qui à tant tirer,
Toutes ces années,
Sans le moindre refus.

Il clame alors son salaire,
Pour avoir chassé la misère:
Une petite caresse,
Un peu de tendresse,
Pour avoir chassé la détresse,
Lui, le chasseur de tristesse,
Lui, le bâton de vieillesse.