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Pellegrino SORICELLI

Braver la Bête.

Elle s’est élancée du haut de son aire,
Où ne règne qu’un putride enfer,
Pour se lancer, inexorable,
Vers un vivier intarissable:
L’humanité la plus vulnérable.

A la recherche d’une proie facile,
Elle a choisi la vie la plus fragile:
Elle a plané sur bien des landaus,
Cherchant à répandre ses maux,
Et s’est penchée sur son berceau.
Elle l’a toisé comme un bourreau,
Jouissant d’un pouvoir absolu,
Et a jeté son dévolu.

L’enveloppant de sa cape de misère,
Elle s’est insinuée en lui tel un ver,
L’a miné,
L’a laminé,
Jusqu’à l’étourdir,
De douleur, ce petit coeur,
Qui n’avait que quelques heures.

Mais elle lui a laissé un répit:
Comme un chat avec une souris,
Et réfrénant sa cruauté,
Elle l’a relâché pour mieux le ferrer.

Alors sournoise, elle a feint la mort ,
Terrée dans l’ombre de son corps,
Et quand les sourires s’affichaient,
Chez les autres enfants épargnés,
En lui, elle a semé sa semence,
Celle de la souffrance,
Le meurtrissant jusqu’à la démence,
L’amputant des plaisirs de son enfance.

Puis elle a lâché prise,
Economisant son emprise,
Sur cette vie torturée,
Qu’elle avait décidé d’estropier.
Mais elle a fait son retour,
Au moment des premières amours,
Et a tué une adolescence,
Passée de douleurs en convalescences.

Puis elle a battu en retraite,
Pour s’abattre comme un traître.
Alors, terrassée par tant de meurtrissures,
Diminuée par tant de blessures,
Son âme s’est réfugiée dans la nuit,
Au fond du puits du temps.

A son réveil
Rien n’était plus pareil:
Une partie de lui gisait dans l’oubli,
Et il lui a fallu réapprendre la vie.
Mais il avait réussi à tenir tête,
Et à échapper au couperet de la bête.